Fin de mandat
Lettre de Claire Villiers
Madame, Monsieur, cher-e-s ami-e-s, chèr-e-s camarades,
Si vous êtes destinataire de ce courrier, c’est que pendant les six années qui viennent de s’écouler nous nous sommes croisé-e-s, nous avons travaillé ensemble pour que la région Ile de France soit plus démocratique, plus respectueuse de la diversité de ses citoyens et citoyennes. Je voulais vous en remercier et vous dire à quel point ce mandat m’avait enrichie tant d’un point de vue politique que personnel.
J’aurais souhaité continuer à faire évoluer nos outils, à mettre en œuvre les engagements avec le monde associatif, à faire progresser la lutte contre toutes les discriminations. Le verdict des urnes est tombé : je ne suis pas élue pour un nouveau mandat. J’espère néanmoins que ce qui a été patiemment construit continuera à vivre et s’enrichir.
Je suis bien sûre heureuse que la gauche ait remporté ces élections mais cela ne me satisfait pas totalement. Le taux d’abstention lors de ce scrutin montre à quel point la crise démocratique est profonde, en particulier dans les quartiers populaires. Combien d’hommes et de femmes se sentent abandonné-e-s, non concerné-e-s, pensant que la solution à leurs problèmes d’une urgence criante est ailleurs, ou, pire, n’est nulle part.
Nous avons eu l’occasion d’échanger à telle ou telle occasion sur ces points. Plus que jamais je pense que la crise démocratique n’est pas qu’une crise de ses formes, mais également une crise de ses réponses.
Nous avons créé des lieux et instances de participation, de concertation, mais je suis lucide. Quand à la fois le néolibéralisme et la concentration des richesses et des pouvoirs économiques et médiatiques sapent les fondements mêmes de la démocratie, et, qu’au plus haut de l’Etat, on s’en prend à toutes les formes collectives organisées et on instaure la précarité généralisée des conditions de vie, reconstruire un bien commun démocratique nécessite un engagement porteur de plus d’ambition que ce n’est le cas.
Qu’il s’agisse du projet du Grand Paris de N. Sarkozy ou de la réforme des collectivités territoriales, demain un peu plus encore, la vie politique et le débat public risquent d’être confisqués par quelques-un-e-s au détriment de tous ceux et celles qui n’ont pas voix au chapitre.
Il nous faut donc, plus que jamais, faire surgir l’exigence démocratique parce que nous avons besoin de beaucoup plus d’immixtion dans l’espace public, de beaucoup plus de mobilisation citoyenne pour imposer solidarité et justice sociale.
C’est cela qui permettra de reprendre l’offensive et de construire les alternatives économiques, sociales, écologiques exigées par les différentes crises dans lesquelles nous sommes plongé-e-s.
Je l’ai souvent dit : pour moi les acteurs et actrices politiques ne se limitent pas au champ des partis. Inventer des formes de collaborations entre les partis, les associations, les syndicats, dans le respect de chacun et chacune, est d’une urgence extrême. Comme il est impératif de donner corps à un agir local et un penser global, irrémédiablement liés.
L’engagement militant, le mien en tout cas, ne se résume pas à une responsabilité dans une institution.
Bien des combats sont devant nous : nous nous y rencontrerons !
« L'amour de la démocratie est celui de l'égalité », Montesquieu, De l'esprit des lois
Claire Villiers. Le 25 mars 2010
Claire VILLIERS _ Région Île de France Vice présidente "Démocratie régionale" Région Ile-de-France - 61 rue de Babylone, 75007 Paris tél : 01 53 85 64 70 - fax : 01 53 85 65 19
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