Projets de programme de SES en PREMIERE
Le projet du MEN est consternant accessible ici http://media.eduscol.education.fr/f...
L'APSES a fait un excellent contreprojet ici http://www.apses.org/IMG/pdf/Propos... L'expression du SNES http://www.snes.edu/Programme-de-Sc...
Mon point d evue en réponse à la consultation ministérielle
Bonjour
Le projet de programme de Première en Sciences économiques et sociales contredit plus de 30 ans de mon expérience d’enseignant et me semble mettre en péril une discipline qui a marqué des générations de lycéens tant pour sa portée formatrice que pour son ouverture à la compréhension du monde social.
La conception du programme détourne l’exigence de scientificité vers un formalisme qui dépouille les apprentissages de toute signification alors que les SES ont dû leur succès à leur capacité à relier des questionnements accessibles aux élèves et le besoin de théorisation. Elle juxtapose de façon très excessive les approches économiques et sociologiques alors que l’originalité des SES a reposé sur la tentative de mieux les croiser, voire de les intégrer. Elle privilégie une vision unilatérale des analyses existantes alors que l’intérêt des SES a toujours été de permettre la controverse par l’accès progressif au pluralisme des approches théoriques qui est constitutif des sciences sociales.
Bien des contributions ont déjà dit mieux que je ne saurais le faire ces critiques. Je me permets simplement de solliciter mon expérience de conseiller régional en Ile de France pour renforcer ce cri d’alerte devant les choix envisagés. Pour ne prendre que quelques exemples, les débats qui prennent désormais une dimension publique plus large sur le schéma directeur de l’Ile de France ou le « grand Paris », sur l’impact de la crise climatique sur la ville de demain ou bien sur le devenir de la ville-monde à l’heure de la crise financière ne sont pas compréhensibles sans des approches interdisciplinaires et pluralistes. Pour les suivre de près et y rencontrer une diversité d’acteurs – institutionnels ou experts - j’y trouve quotidiennement une vérification de la pertinence de la culture des « SES » et de l’impérieuse nécessité non seulement de la sauvegarder mais de la développer.
Dans son état actuel, ce projet de programme ignore donc non seulement la réalité, les références et les moteurs de la curiosité intellectuelle d’élèves de 16 ou 17 ans mais il enferme le savoir scolaire dans un catéchisme déconnecté des grands questionnements du monde d’aujourd’hui qui interpellent les sciences sociales. A l’inverse, l’effort effectué par l’APSES pour proposer un programme à la fois accessible et ambitieux, renouvelé et exigeant, ouvert au questionnement et au pluralisme me semble montrer la possibilité d’une évolution d’un enseignement vivant et indispensable au lycée de demain.
François Labroille Professeur de Sciences économiques et sociales au lycée Colbert Paris 10 ème
Commentaires fermés