Cet après-midi, je me suis rendue à Montreuil, suite aux événements violents qui s’y sont produits à l’encontre de lycéen-ne-s. Le matin même, alors que les lycéen-ne-s de Condorcet manifestaient contre la réforme des retraites près du lycée montreuillois Jean-Jaurès, un lycéen de Condorcet âgé de 16 ans a été blessé au visage par le tir de flashball d’un policier. Sa rétine a été décollée. Il est hospitalisé et doit être opéré cette nuit.

Comme ses camarades et les équipes éducatives, cette violence gratuite m’a laissée sous le choc.

Avant l’intervention de la police, aucun incident grave n’avait été constaté. Le proviseur maîtrisait la situation. Mais, des policiers qui étaient en train d’expulser des chômeurs d’un squat près du lycée, s’en sont mêlés et ont encerclés les lycéen-ne-s. Des camions de CRS sont arrivés très vite sur ordre de la préfecture.

C’est lorsque les CRS se sont mis à lancer des bombes lacrymogènes que les jeunes ont commencé à protester. Un témoin rapporte qu’une bombe lacrymogène serait tombée dans la cour de récréation de l’école primaire voisine (Diderot). Le même témoin dit que des élèves ont été frappés avec des matraques. Des lycéen-ne-s ont aussi été conduits au poste de police.

L’Inspection générale des services (IGS) a été saisie par le préfet de police, à la demande de Christian Lambert, préfet de Seine-Saint-Denis. Je m’en réjouis et espère que la lumière sera faite sur cette sombre affaire.

Faire la grève et manifester sont des droits, y compris pour les jeunes qui marquent ainsi un engagement dans la vie citoyenne et l’intérêt qu’ils et elles portent aux questions de société et aux questions politiques.

Ils devraient en être félicité-e-s plutôt que méprisé-e-s et agressé-e-s.

Je demande donc au Gouvernement de préserver les droits de chacun-e à manifester et à faire grève. Je lui demande de faire preuve de responsabilité en demandant aux forces de l’ordre d’assurer la sécurité de tou-te-s les manifestant-e-s, quel que soit leur âge, plutôt que de porter atteinte à leur intégrité physique et de les provoquer.

Encore une fois, je réaffirme mon soutien aux lycéen-ne-s, ainsi qu’aux proviseurs et aux communautés éducatives qui ont gardé leur sang-froid. Je demande aussi aux jeunes de garder leur calme et de ne pas céder à des provocations policières qui n’ont pour objectif que de focaliser les projecteurs sur une prétendue violence de la jeunesse plutôt que sur la profonde rupture qui se manifeste depuis plusieurs mois entre le peuple et les responsables politiques au pouvoir.

Henriette Zoughebi Vice-présidente aux politiques éducatives et aux lycées en Ile-de-France