Nous arrivons à un moment important, très attendu, nous l’avions dit d’entrée. Il y a des votes qui ont plus de portée que d’autres. Celui que nous allons émettre fait partie de la catégorie supérieure, celle de ces votes qui engagent sur un texte qui va faire référence pour des années.

Certes, nous ne sommes pas au bout de ce processus puisqu’il ne s’agit que d’un projet qui appelle encore concertation et enquête publique. Mais c’est bien le projet de référence que soumet la Région à ses partenaires et aux populations. C’est donc un acte hautement politique qui nous engage ce soir.

La séance que nous venons de tenir a rempli ses fonctions. Elle a permis à la fois un débat général de qualité et un enrichissement incontestable. Nous avons apprécié que la plupart de nos amendements soient repris et nous avons eu le sentiment qu’en dépit de procédures nécessairement longues et parfois fastidieuses, nous aboutissons à un document robuste pour entamer la dernière ligne droite.

Je ne vais pas reprendre maintenant l’argumentation qui nous conduit à apprécier la démarche d’ensemble du SDRIF, l’enrichissement qu’il apporte au SDRIF de 2008 avec une approche très volontariste en faveur d’un nouveau mode de développement.

Je veux insister à cette heure sur trois aspects.

Nous nous attendions aux arguties pseudo-juridiques de la droite. Depuis 5 ans, nous en avons pris l’habitude. Il faut dire que nous n’avons pas été déçus…

La droite a opéré une curieuse reconversion. La voici qui trouve quelques vertus au SDRIF… Enfin ! Mais c’est au prix d’une grossière confusion, qui consiste à nous dire que les seuls mérites du SDRIF seraient issus du projet de Grand Paris de Nicolas Sarkozy et Christian Blanc. L’opération est un peu audacieuse… elle est surtout contraire à la réalité !

Le SDRIF intègre, et nous nous en félicitons, le projet de Grand Paris Express issu des débats publics. Nous avons suffisamment démontré que ces débats l’avaient changé en profondeur, avec de nouvelles branches, un nouveau tracé, la multiplication des gares… Si vous le reconnaissez, tant mieux, parce qu’il en va de l’intérêt général !

Mais tout le débat, au fil des amendements, a confirmé que subsiste une opposition frontale de vision sur le devenir de notre région, dès que l’on parle de logement social, de rééquilibrage habitat/emploi, des transports collectifs, des ressorts du développement économique, de la priorité à la lutte contre les inégalités…

Ce n’est pas étonnant, tant le projet que nous allons adopter développe une visée transformatrice qui met au cœur la question des solidarités sociales et territoriales. C’est la raison profonde de notre soutien et c’est là la véritable portée du projet.

Le second enseignement que je tire de nos débats est l’impérieuse nécessité de réussir maintenant le débat démocratique.

La mise en œuvre effective du projet de SDRIF nécessite qu’il soit partagé, discuté, enrichi. L’enquête publique et les débats territoriaux doivent permettre de solliciter les réseaux syndicaux et associatifs, les professionnels… Et donc d’élargir considérablement la dimension démocratique des concertations autour du SDRIF et, au-delà, du débat sur la métropole et l’Île-de-France en 2030.

Dès ce vote, nous entrons, à peu de choses près, dans une phase nouvelle : celle de la mise en œuvre, de la concrétisation des objectifs affirmés.

Nous avons dit tout au long de la séance l’enjeu essentiel de la mobilisation des financements en faveur des investissements publics, pour le Grand Paris Express, pour le Plan de mobilisation, pour les équipements publics, pour les grands projets structurants comme le port d’Achères ou le canal Seine Nord Europe, pour la maîtrise du foncier… Je pense bien sûr au FARIF, au versement transports, aux droits de mutation et bien d’autres.

Je veux dire aussi l’enjeu des outils à créer et à mobiliser en faveur de ces objectifs, de l’Autorité organisatrice du logement à l’Établissement public foncier, l’ampleur de l’action à mener en faveur de la réindustrialisation et de la conversion écologique pour affronter la crise économique.

Ces enjeux interrogent les politiques régionales bien sûr, mais aussi les politiques nationales, avec des choix à faire et une réorientation à opérer d’urgence tant l’austérité porte le danger de récession.

Nous allons donc voter ce projet de SDRIF, convaincu qu’avec lui nous disposons d’une approche qui dégage la perspective d’une région et d’une métropole solidaires, et d’un solide point d’appui pour les étapes et les mobilisations collectives à venir.