Conseil régional des 22 et 23 novembre 2012 Vœu EELV sur la gouvernance en Île-de-France
Je peux partager à 80 ou 90 % des attendus du vœu présenté par EELV - pourtant je ne l'ai pas pas voté . Non par caprice mais pour des raisons essentielles que j'ai explicitées en intervenant au nom du groupe Front de Gauche (PCF, GU, AC). Le texte du voeu: http://www.frontdegauche-pcfguac-id... Mon intervention en vidéo http://www.frontdegauche-pcfguac-id...
Le texte de mon intervention
Ce vœu appelle de notre part plusieurs observations. 1- la première est qu’il y a selon nous un vrai sujet sur la gouvernance. On peut diverger sur les solutions, sur les constructions institutionnelles, y compris au sein de chaque famille de pensée, mais tous les travaux des dernières années montrent que le statu quo n’est pas tenable. Il y a un modèle historique qui est dépassé parce que l’espace administratif ne correspond plus à l’espace réel des dynamiques urbaines. Fragmentation des collectivités d’un côté et interdépendance très renforcée des territoires de l’autre. Le constat que nous faisons tous de l’aggravation des inégalités ne peut pas ne pas interroger notre organisation institutionnelle. C’était l’un des mérites du rapport Planchou que de le faire. Le vœu fait trop largement l’impasse sur cette dimension. 2- Notre seconde observation concerne la métropolisation. Le mot semble peut-être galvaudé, ou passe partout, tellement il est utilisé. Mais il désigne bien des phénomènes inédits dans les transformations urbaines en cours. Toute la réflexion en cours, de la Région à l’AIGP en passant par l’IAU et l’APUR, pousse à prendre la mesure de ce qui change dans le système urbain, l’articulation au reste du monde, le fonctionnement en réseau…. Il y a nécessité de repenser les articulations entre des échelles multiples. Dans ce cadre, nous pensons que la Région a un rôle irremplaçable, qu’elle est garante de cohérence, qu’elle a des compétences décisives, mais qu’elle n’épuise pas le sujet. Que le rôle de l’État, celui de la ville de Paris, des grandes intercommunalités, des départements ne peut être traité sans en débattre vraiment. D’ailleurs, la contribution signée par Jean-Luc Laurent et JP Huchon au livre vert nous avait semblé tenté de tenir avec beaucoup de pertinence cet équilibre. Penser simultanément le projet et son gouvernement est crucial — si l’on veut porter le projet de la métropole solidaire qui nous intéresse et combattre celui de la métropole ségrégative, antiécologique. Le SDRIF place la Région en position solide pour y travailler avec tous les acteurs. 3 – Notre troisième observation concerne le moment où intervient ce voeu. Oui, nous sommes entrés dans une phase d’élaboration du projet de loi de l’acte 3 qui va intégrer la dimension « Île-de-France » et il importe que la Région soit pleinement partie prenante de sa définition. La procédure dans laquelle nous nous sommes inscrits avec le livre vert de Paris Métropole est intéressante puisqu’elle cherche depuis des mois à construire des solutions les plus consensuelles possibles par l’échange, l’approfondissement, l’écoute. Notre sentiment est qu’il faut des evolutions, mais avec beaucoup de coopérations, en conciliant l’attachement fondamental à la commune et à son ancrage démocratique avec des coordinations à d’autres échelles. Cela nécessite de prendre en compte simultanément la spécificité de la zone dense et le système métropolitain dans son ensemble, qui par nature n’est pas défini par un périmètre et intègre d’ailleurs le grand bassin parisien voir l’ensemble des métropoles régionales reliées par le réseau TGV. Dire tout cela ne signifie que nous ayons une solution clé en main, à prendre ou à laisser. Nous avons la conviction que la Région a un rôle incontournable et que la prise en compte d’autres échelles n’est pas en concurrence avec la Région mais en complémentarité. Je voudrais ajouter que la méthode, par ailleurs, nous pose problème. On ne peut trancher des débats aussi sérieux pour mandater la Région sur la gouvernance, au filet, en fin de séance, sur la base d’un texte écrit peut-être avec talent mais unilatéralement par un groupe. Alors, donnons nous les moyens de travailler collectivement, en suivant au plus près le travail législatif, en relation avec les travaux de Paris Métropole. Jean-Luc Laurent avait animé un groupe de travail ouvert à tous les groupes qui avait été très stimulant. Nous savons que Jean-Marc Nicolle prend le relais dans le même esprit. Nous en attendons beaucoup. Je voudrais que nos amis d’EELV comprennent donc le sens de notre abstention. Ce n’est pas un vote de défiance. Mais un vote qui signifie que la construction du commun ne se fait pas par le ralliement à un point de vue. Elle passe par l’effort patient de prise en compte de la part de pertinence des points de vue de chacun. Chaque fois que nous avons procédé de la sorte, nous avons rendu les interventions de la Région plus fortes.
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