Revue de presse – 07 mai 2014 – Réactions des responsables des principales formations politiques suite à l’intervention de François Hollande quant au projet de loi clarifiant l’organisation territoriale de la République.

D’après les discussions ayant eu lieu lors de la commission des lois du Sénat le 06 mai 2014, le calendrier prévoyant la présentation du projet de loi en Conseil des Ministres le 14 mai 2014 est annulé. Les bruits de couloir annoncent que le projet de loi serait présenté en Conseil des ministres en octobre 2014. L’essentiel des mesures présentées dans l’avant projet de loi seraient maintenues et enrichies. La suppression des conseils généraux pourrait être ajoutée au projet de loi.

Sommaire de la revue de presse :

Pierre Laurent – Secrétaire National du PCF - « Halte au massacre » 2 Didier Guillaume - Président du groupe PS au Sénat - Report des élections régionales : «Se donner un an de plus pour la réflexion» 2 Alain Rousset – Président de l’Association des régions de France, Président (PS) du Conseil Régional d’Aquitaine en appelle - « J’appelle à la prudence » (Le Figaro) 3 Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV, Sandrine Rousseau, porte-parole nationale d’EELV, « un effort de pédagogie mais pas de changement de cap » (eelv.fr) 3 Jean-Michel Baylet - Président du Parti Radical de Gauche - réaffirme son opposition au projet de réforme territoriale et notamment la suppression des Conseils Départementaux. (planeteradicale.org) 4 Marielle de Sarnez – Vice-présidente du Mouvement Démocrate, députée européenne - Réforme territoriale: Marielle de Sarnez "ne comprend pas la droite" (AFP) 4 L’UMP et l’UDI crient au « tripatouillage électoral » (Le Figaro) 5 François Sauvadet – Député, Président du Conseil Général de la Côte D’Or - « au secours Defferre reviens, ils sont devenus fous » (parti-udi.fr) 6 Marine Le Pen - Présidente du Front National - « Hollande : sous-préfet de la République » (frontnational.com) 7

Pierre Laurent – Secrétaire National du PCF - « Halte au massacre »

Le Président de la République s'est livré ce matin sur RMC/BFM TV à un laborieux service après-vente de sa politique. Mais le pire, c'est qu'il en rajoute à chaque fois une couche, cette fois avec de nouvelles exonérations pour les entreprises et avec le report des élections régionales et départementales en 2016. Je dis halte au massacre ! Je demande l'annulation immédiate de toutes les nouvelles aides prévues aux entreprises, qui font des bénéfices sans embaucher ni augmenter les salaires, et la mise à plat de toutes les exonérations fiscales et sociales. Je demande ensuite la convocation en 2015 d'un référendum sur le big bang territorial annoncé. Pas de changement de nos institutions démocratiques sans démocratie. Le peuple doit avoir la parole.

PCF.FR, 6 mai 2014

Didier Guillaume - Président du groupe PS au Sénat - Report des élections régionales : «Se donner un an de plus pour la réflexion» Didier Guillaume, président du groupe PS au Sénat, se réjouit de l'annonce de François Hollande, qui permettrait d'éviter «un vote pour rien en 2015».

Vous êtes favorable à un report des élections depuis l’annonce de la réforme territoriale par Manuel Valls début avril. Pourquoi? Je suis surtout favorable à la modernisation. C’est nécessaire et même urgent car il y a une véritable attente en France. Mais si on veut faire une réforme forte, il faut se donner le temps de l’élaborer pour arriver forts devant les électeurs. D’ici mars 2015, la date prévue pour les prochaines élections départementales et régionales, nous n’avons pas le temps de concevoir une nouvelle architecture territoriale. Se donner un an de plus pour la réflexion, c’est être certains de ce que nous proposerons. Sinon, ce sera un vote pour rien en 2015. Jean-François Copé parle de «tripatouillage éléctoral» et réclame un referendum... C’est de la gesticulation politicienne car il est le premier à réclamer une réforme territoriale. Nous, particulièrement au Sénat, nous voulons nous placer dans l’intérêt du pays, et mettre en place des collectivités locales modernes et efficaces. Des élections locales dix-huit mois avant la fin du mandat de François Hollande, n’est-ce pas casse-gueule pour la majorité? Ce n’est pas un sujet pour moi. Sinon, un an et demi avant l’élection présidentielle, on ne fait plus rien et on attend! L’objectif du président de la République est de réformer jusqu’à la dernière minute et il le fera sans considérations autres. Nous ne sommes pas tout le temps en train d’attendre les prochaines élections, c’est la différence entre cette majorité et nos prédécesseurs. Recueilli par Pascale Nivelle

Libération du 07 mai 2014

Alain Rousset – Président de l’Association des régions de France, Président (PS) du Conseil Régional d’Aquitaine en appelle - « J’appelle à la prudence » (Le Figaro)

« J’APPELLE à la prudence. » Président socialiste de l’Association des régions de France, Alain Rousset est circonspect. Certes, le président de l’Aquitaine se réjouit du report possible des élections régionales et cantonales de 2015 à 2016. « C’est une demande que nous avions formulée. » Président PS de la région Lorraine, Jean-Pierre Masseret avait ainsi justifié ce report « non pas pour gagner ou bénéficier d’une année supplémentaire de mandat, comme certains agitateurs politiciens voudraient le faire croire, cette idée est stupide, mais au contraire pour préparer correctement une réforme majeure pour notre pays. » Mais Alain Rousset avance avec prudence sur la question de la fusion des régions alors que François Hollande a jugé mardi « que 12 régions ou 11 régions, la moitié, pourraient être la bonne carte de notre territoire »… Dans sa déclaration de politique générale, le 8 avril, le chef du gouvernement, Manuel Valls, avait déjà prévu de « diviser par deux » le nombre des régions, au plus tard au 1er janvier 2017. Et le 29 avril, il affirmait vouloir mener cette réforme « plus vite encore ». Dans un courrier en date du 30 avril adressé à Valls, Rousset, soucieux de démocratie de proximité, avait précisé que « les très grandes régions se justifient si les départements perdurent… » Or, le chef de l’État a jugé mardi que « les conseils généraux ont vécu ». Deux gestes concrets Mardi, Rousset a tempéré. « On ne peut pas continuer avec quatre niveaux, celui des communes, des intercommunalités, des départements et des régions… » Mais il pose une condition de base : la décentralisation. « Tant que notre pays restera centralisé, on ne pourra pas le réformer. » Deux gestes concrets de l’État en direction des régions lui semblent prioritaires : « L’accompagnement des PME et le service public de l’emploi. » « Il y a 173 organismes dans la seule Aquitaine », dénonce-t-il, appelant l’État à « de l’audace ». Pour peser dans cette réforme, Rousset a monté « un groupe de spécialistes constitué de géographes économiques ». Première rencontre dans une dizaine de jours. Quant au barrage éventuel de cette réforme par un Sénat passé à droite à l’automne, Rousset estime que « la réorganisation territoriale de notre pays peut trouver une majorité qui dépasse les clivages politiques. »

Sophie De Ravinelle, Le Figaro du 07 mai 2014

Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV, Sandrine Rousseau, porte-parole nationale d’EELV, « un effort de pédagogie mais pas de changement de cap » (eelv.fr)

…  « Nous soutenons également une réforme territoriale d’ampleur permettant plus d’efficacité dans les politiques menées, plus d’ambition dans la transition écologique des territoires, plus d’égalité entre territoires et plus d’autonomie dans la décision. Et pour que cette réforme soit pleinement comprise par les habitants, les écologistes jugent opportun de reporter les élections, pour qu’ils puissent réellement se prononcer en connaissance de cause vis à vis des futurs élus locaux et de leurs projets.

Ecologistes, nous soutenons le renforcement des régions et des intercommunalités, sommes pour la construction d’une Europe des régions qui ne se noie pas dans une forme de mille-feuilles territorial. La disparition programmée des département est donc une bonne chose. Un peu plus de vision, un véritable projet de société et la déclinaison des moyens pour l’atteindre, telle est notre demande adressée au Président de la république.

Eelv.fr le 6 mai 2014

Jean-Michel Baylet - Président du Parti Radical de Gauche - réaffirme son opposition au projet de réforme territoriale et notamment la suppression des Conseils Départementaux. (planeteradicale.org)

Jean-Michel Baylet réaffirme son opposition au projet de réforme territoriale et notamment la suppression des Conseils Départementaux. Échelon incontournable de la solidarité et apprécié des Français, leur suppression n’entrainerait pas d’économies substantielles et contribuerait à éloigner l’action publique des citoyens. En tout état de cause, la précipitation ne permettra pas une réforme efficace de notre administration territoriale.

Planeteradicale.org 06 mai 2014

Marielle de Sarnez – Vice-présidente du Mouvement Démocrate, députée européenne - Réforme territoriale: Marielle de Sarnez "ne comprend pas la droite" (AFP)

Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem, a affirmé mercredi qu'elle "ne comprenait pas la droite", qui dénonce l'accélération de la réforme territoriale et le report des élections cantonales et régionales annoncés par François Hollande. "Je ne comprends pas la droite, on demande tous cette réforme depuis 20 ans, et nous on la demande avec François Bayrou depuis longtemps", a-t-elle déclaré sur RFI. "Elire des conseillers généraux et des conseillers régionaux de 22 régions dans un an, conseils généraux qui seraient ensuite supprimés (ainsi que des conseils régionaux) si on passe à 10 régions, est-ce qu'on ne marche pas sur la tête?", s'est interrogée Mme de Sarnez. Si M. Hollande "initie une vraie réforme du millefeuille territorial, avec la suppression des conseils généraux et moins de régions, je trouve que ça va dans le bon sens", a-t-elle jugé. "Si ce n'est pas dilatoire, si on repousse les élections pour faire vraiment la réforme - on peut décaler de six mois, de huit mois, il faut voir techniquement comment on fait - moi je soutiens", a ajouté la députée européenne. Le président du MoDem François Bayrou avait suggéré dimanche de trancher par référendum une réforme de la décentralisation si les élus s'y opposaient. Afp, 7 mai 2014 L’UMP et l’UDI crient au « tripatouillage électoral » (Le Figaro)

La droite met Hollande au défi d’organiser un référendum, tandis que le centre dénonce des pratiques dignes d’une « république bananière ».

OUI À LA réforme territoriale, mais non au « tripatouillage électoral » ! C’est, en substance, la réponse quasi unanime de l’UMP et de l’UDI à la seule annonce de François Hollande mardi matin : le report « après la réforme » des élections départementales et régionales prévues en 2015.

Le mot « tripatouillage » a été utilisé mardi par Jean-François Copé en comité politique de l’UMP, au petit déjeuner, puis lors de la réunion qui a suivi, à l’Assemblée. Ardent défenseur de la fusion des départements et des régions, il s’est dit « abasourdi de voir que le président de la République ait pu consacrer une interview sur les deux premières années de son quinquennat à parler de tripatouillage électoral ». « Il s’est comporté en chef de parti », a-t-il estimé, en prédisant que « la presse n’achètera pas ». « Cela va nous permettre de faire vivre le débat, mais c’est d’autant plus désolant, choquant, qu’il s’agit en réalité d’une grande réflexion institutionnelle que l’on doit avoir, a ­expliqué le patron de l’UMP. On nous parle d’un big bang institutionnel. Pourquoi pas ? Mais alors, ça doit être avec un référendum à la clé, parce que c’est l’avenir de nos institutions qui est en jeu et pas simplement un bout de loi uniquement par convenance personnelle pour le président, qui a peur de perdre les élections en 2015. » Dans la même veine, Christian Jacob a énuméré les allers et retours de l’exécutif sur la question : « Après avoir supprimé le conseiller territorial instauré par la droite, après avoir réformé le mode de scrutin cantonal avec des binômes invraisemblables et un découpage pas terminé et après avoir dit il y a quelques semaines que les scrutins cantonaux et régionaux étaient maintenus, François Hollande cherche la martingale avec la réforme territoriale. » Selon le président du groupe UMP à l’Assemblée, « tout ça ressemble à de l’affolement ! ».

Un référendum ? « Méfions-nous, François Hollande pourrait nous prendre au mot ! » a lancé François Fillon en souriant. Pour l’ex-premier ministre, François Hollande « a offert le spectacle pathétique d’un président plus faible que jamais, qui ne sait que cogner ses prédécesseurs et repousser les élections ». « On est la seule démocratie moderne à repousser les élections ! » s’est-il indigné, en ajoutant en réponse à la formule employée par Jean-François Copé : « Je ne vois pas comment cette majorité pourrait faire le big bang. »

« Le report, c’est la fuite… Que tout le temps perdu ne se rattrape plus », a twitté Jean-Pierre Raffarin, en référence lointaine à une chanson de Barbara. Le sénateur de la Vienne est pour de « grandes régions », mais farouchement contre la disparition des départements en zone rurale.

Valérie Pécresse, elle, est radicalement opposée au report des régionales… pour lesquelles elle est déjà partie en campagne comme candidate à la tête de liste en Île-de-France. « L’objectif de François Hollande, c’est de ne plus avoir d’élections locales jusqu’à l’élection présidentielle, a-t-elle affirmé sur i-Télé. Aucune grande démocratie au monde ne tolérerait de telles manipulations, de tels tripatouillages ! »

Même levée de boucliers au centre, où le secrétaire général de l’UDI Jean-Christophe Lagarde a parlé de « République bananière ». La question du référendum, que le président du MoDem François Bayrou avait lancée dès dimanche, n’a pas été abordée en réunion de groupe. Lors de sa rencontre avec Manuel Valls, la semaine dernière, le président du groupe UDI à l’Assemblée nationale, Philippe Vigier, avait interrogé en vain le premier ministre sur l’accélération de la réforme territoriale. « Il a eu l’impression que les choses n’étaient pas décidées », rapporte un proche. Du coup, le député d’Eure-et-Loir a proposé la création d’un groupe de travail commun aux centristes de l’Assemblée et du Sénat, également ouvert à des élus non parlementaires, afin que l’UDI soit « une force de proposition » dans ce débat au lieu de se contenter de « réagir aux annonces et aux revirements du gouvernement ». Mardi, la conférence des présidents a confirmé une autre demande centriste : l’organisation d’un débat dans l’Hémicycle sur la réforme territoriale. Après avoir été reporté à cause de la nomination de Manuel Valls, il a été programmé le 26 mai, à 21 h 30. Si la date est maintenue - les européennes auront eu lieu la veille -, l’ambiance risque d’être survoltée.

Waintraub Judith, Le Figaro du 07 mai 2014

François Sauvadet – Député, Président du Conseil Général de la Côte D’Or - « au secours Defferre reviens, ils sont devenus fous » (parti-udi.fr)

Mais dans quel monde vivons-nous ?! Pour qu’un Président de la République annonce comme ça, un mardi matin au détour d’une interview, le report des élections départementales et régionales après avoir modifié la quasi-totalité des modes de scrutins en moins de deux ans. C’est choquant et inadmissible ! Et tous les démocrates devraient s’élever contre ces faits du Prince qui conduisent à différer les rendez-vous démocratiques, comme si le peuple devait être mis de côté du débat sur la réforme des collectivités territoriales. Des réformes sont nécessaires, oui. Une réforme territoriale est attendue, oui. Mais on ne peut pas, comme ça, imposer des réformes d’en haut, depuis Paris, ciseaux à la main, sans consulter et associer les élus locaux, tous ceux qui font vivre la démocratie du quotidien et qui constituent le socle de notre République. Manuel VALLS a reconnu récemment que la réforme des départements était une « erreur ». La méthode du Président de la République n’est plus une erreur, c’est une faute. Nous sommes à moins d’un an des élections et personne ne sait ce que prépare le Gouvernement. C’est sans précédent dans l’histoire de la cinquième République.

Il y a moins d’une semaine, on annonce la suppression des conseils généraux et des départements et la suppression de la moitié des régions. On pourra supprimer toutes les structures que l’on veut, mais la question centrale restera posée : qui va assurer demain la République décentralisée que nous appelons de nos vœux ?

J’avais dit à Manuel VALLS, à l’occasion du combat contre le charcutage scandaleux de l’ensemble des cantons de France : « Au secours DEFFERRE reviens, ils sont devenus fous ! » Je persiste et signe car non seulement ils persévèrent dans l’erreur, mais ils accélèrent.

Cela dit, ils pourront organiser tous les tripatouillages électoraux qu’ils voudront, ils n’empêcheront pas le rendez-vous avec les électeurs, et le premier d’entre eux sera les sénatoriales. Je souhaite bon courage aux sénateurs socialistes pour aller expliquer le grand désordre territorial dans lequel M. HOLLANDE est en train de plonger la France.

parti-udi.fr 07 mai 2014

Marine Le Pen - Présidente du Front National - « Hollande : sous-préfet de la République » (frontnational.com)

…. « Aucune nouvelle annonce, en aucun domaine, n’a été faite, hormis le très probable recul des élections régionales en 2016. François Hollande entend ainsi priver nos concitoyens de leur parole et imposer par la force une réforme territoriale majeure sans consulter les Français. »…

Frontnational.com 06 mai 2014