8 octobre 2014 Conseil des élus de la mission de préfiguration
Une esquisse d'appréciation dans et article que j'ai rédigé pour le journal de mon groupe
Avec le compromis acté le 8 octobre dernier entre la grande majorité des élu-e-s pour une réécriture de l'article de loi définissant la métropole du grand Paris, une étape est en passe d'être franchie. Après bien des péripéties, une construction institutionnelle plus satisfaisante semble enfin se dégager. Ni le statu quo, ni la métropole d'en haut balayant les territoires et les expériences existantes que la loi du 27 janvier 2014 avait instituée: le scénario d'une construction progressive, respectueuse des intercommunalités, privilégiant les coopérations, semble l'emporter. Elu-e-s de droite et de gauche, dans leurs diversités respectives, ont fini par trouver une voie de passage. Encore va-t-il falloir que le gouvernement concrétise dans sa nouvelle proposition de loi le schéma acté par les élu-e-s et que le débat parlementaire attendu dans les prochaines semaines le valide.
Pour celles et ceux dont nous sommes qui ont milité pour mieux prendre en compte le fait métropolitain, l'interdépendance de territoires, les grands défis du logement et des solidarités, le résultat est loin d'être négligeable. Il aura fallu une douzaine d'années de débats et d'interventions dans l'élaboration des projets de territoire, dans celle du SDRIF, dans celle du réseau de transport de GPE, dans l'expérience de Paris Métropole... pour que prenne enfin corps institutionnellement une ambition de coopération entre les collectivités de la zone dense, respectueuse de la démocratie communale mais capable de concevoir de grands projets à d'autres échelles.
Pour autant, cette étape n'efface pas les enjeux des affrontements qui ont scandé toutes ces dernières années. Bien au contraire. Il en est deux qui vont être décisifs. Le premier est celui de la nature du projet métropolitain que l'on entend promouvoir : soit la vision élitiste et inégalitaire d'un capitalisme mondialisé qui irriguait le projet de N. Sarkozy ; soit la vision d’une autre métropole, non ségrégative, alliant l’impératif écologique et l’urgence à renverser le creusement des inégalités sociales. Le second est celui de la démocratie. L'immense majorité des citoyen-ne-s est actuellement hors jeu des débats du Grand Paris. Il faut non seulement préserver la démocratie locale mais aussi inventer de nouveaux espaces de dialogue, capables de mettre en débat les grands choix à opérer à l'échelle métropolitaine, au travers des élus mais aussi avec une meilleure représentation des citoyens et des acteurs sociaux. C'est bien par la démocratie que pourra prévaloir le projet d'un grand Paris populaire et solidaire.
François Labroille
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