Quel bilan de la campagne pour Alternative Citoyenne ?
Mon point de vue en guise de contribution
Quel bilan de la campagne pour Alternative Citoyenne ?
Nous nous sommes pleinement engagés avec la liste "Ensemble...". Nous avons fait un choix réfléchi, un pari, parce que l'enjeu des régionales vis à vis de la droite et des dynamiques à créer pour la gauche de transformation ne s’accommodait pas facilement d'une position confortable de simple regard en surplomb. Nous aurions bien évidemment préféré une autre configuration puisque nous avons milité jusqu'au bout en décembre en faveur de l'hypothèse de Patrick Braouezec comme tête de liste. Nous pensons que Patrick était à même d'incarner un rassemblement large, bien au delà des partis du Front de Gauche....Nous n’avons pas abouti. Mais nous n'avons pas opté pour le retrait quand le PC a refusé ce choix. Nous avons bien fait un pari, investir la campagne et tenter de mener une « campagne dans la campagne »parce que les enjeux étaient trop grands pour s’exonérer de ce combat.
En faire le bilan, c’est d’abord apprécier les résultats électoraux eux mêmes. Beaucoup a déjà été dit sur l'ampleur de l'abstention, le score du FN, la défaite de la droite. Beaucoup l’ a été aussi sur la cristallisation des votes anti Sarkozy sur le PS et EE avec un FdG certes consolidé par rapport aux européennes mais en recul par rapport à la GPC de 2004 et loin de ses espérances et de la dynamique nécessaire pour créer une nouvelle donne à gauche.
Faire le bilan c’est aussi traiter de l’éviction au final des éligibles de la plupart des candidat-e-s non conformes aux partis institués et donc ceux se réclamant d’Alternative Citoyenne. C’est une des limites politiques majeures de l’expérience. Non seulement sur le traitement des personnes mais aussi sur les conceptions de la nature et du contenu du rassemblement à opérer. Cette éviction résulte de la faiblesse relative du score de la liste « Ensemble… » et du réflexe du PC et du PG de sauvegarder leurs propres candidats quand on est passé de 25 éligibles attendus à 20 puis 18. Nous sommes de ces responsables syndicaux et associatifs qui ont considéré après le traumatisme de la présidentielle de 2002 que l’on ne pouvait en rester à cette coupure du champ politique et du champ social. Non pour manifester une quelconque allégeance aux forces politiques mais parce que nous étions convaincu-e-s que toute reconstruction d’une perspective politique pour la gauche critique impliquait un tel engagement. Si le Front de Gauche ne veut pas entendre cette démarche, il se condamnera à la marginalité. Il restera une combinaison de partis constitués avec une rhétorique parfois brillante mais qui ne mordra pas au delà des premiers cercles des plus convaincus.
Faire le bilan, c’est aussi chercher à tirer tous les enseignements de cette campagne. Il ne faut pas cacher qu’elle a été parfois difficile avec les rivalités PC/PG mais aussi très prometteuse quand elle a été coopérative comme cela a été le cas dans un certain nombre d’endroits. Les apports croisés du PC, du PG de la GU et des autres sensibilités dont celle d’Alternative Citoyenne ont été bien plus productifs que ce qui avait été fait par le passé, par exemple au niveau du programme que nous avons élaboré en IdF. C’est ce syncrétisme de nos cultures politiques qui est capable de produire du nouveau. Cette campagne a donc permis un travail commun réel, des pratiques militantes entre sensibilités différentes qui ont fait souvent du front de gauche une référence bien plus attractive que chacune des ses composantes prise isolément. L’existence de la liste a rendu perceptible l’ampleur des attentes pour qu’émerge une force politique de la gauche de transformation rassemblée. En même temps, ce mouvement est resté à l’état d’esquisse, sans susciter des engagements nouveaux au-delà d’une campagne avant tout militante. ET puis va falloir mieux discuter de la façon d’articuler les interventions polémiques qui rendent visibles les clivages à gauche et l’intervention politique plus audacieuse dans le débat d’idées sur ce que pourrait être une alternative économique et sociale. La tentation activiste peut pointer parfois, au risque de sous-estimer l’ampleur du travail idéologique à opérer pour produire des repères nouveaux et donner un contenu à l’alternative.
Nous avons fait un pari. On arrive bien au bout d’une séquence d’Alternative Citoyenne … nous ne sommes pas dans un échec mais au bout d’une séquence…Notre démarche suscite de la sympathie mais nous n’entraînons pas suffisamment. Nos intuitions de 2003 et 2004 restent pertinentes, sur la nécessaire relation nouvelle entre mouvement social et champ politique, entre institutions et mobilisations sociales. Nous voulons les discuter avec d’autres, celles et ceux qui ont des préoccupations proches et qui veulent ne pas en rester aux logiques des partis constitués.
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