Monsieur le Président

Vous ne serez guère surpris que je vous interroge sur le positionnement que vous entendez développer dans le contexte d'incertitude dans lequel nous plongent les derniers rebondissements relatifs au SDRIF - et pas seulement relatifs au SDRIF d'ailleurs - pour donner à la Région tout le rôle qui peut être le sien pour faire prévaloir un projet d'aménagement solidaire .

Nous sommes nombreuses et nombreux ici à penser que la Région a acquis une autorité, une crédibilité incontestables dans toute la phase d'élaboration du SDRIF de 2004 à 2008. Nous sommes aussi nombreuses et nombreux à déplorer comment l'intervention gouvernementale, pas du tout illégitime en soi, a été hostile au projet co élaboré avec les collectivités territoriales, a conduit au refus de le transmettre au conseil d'Etat jusqu'en juin dernier et en a bloqué jusqu'à présent juridiquement la mise en œuvre. Et nous savons que se sont confrontées dans ce bras des fer des visions très contradictoires du devenir de la région.

Il a fallu la sanction électorale infligée à la droite pour qu'un certain pragmatisme l'emporte côté gouvernemental et que la perspective de la validation et révision du SDRIF puisse être envisagée. Notre groupe avait alors dit "chiche" tant le besoin de disposer d'un document d'urbanisme de référence opérationnel est grand, comme l'est celui d'enrichir le SDDRIF des nouveaux éléments. Cela vaut aussi bien de l'apport de la consultation internationale que ceux qui ressortent de l'effervescence des projets développés par les collectivités ou des exigences qui se manifestent dans les débats publics en cours sur les transports. Ce que vous avez d'ailleurs montré avec beaucoup d'à propos dans votre présentation à la presse de nouvelles propositions lundi dernier.

Mais ce que nous savons de l'avis du conseil d'Etat vient aujourd'hui dangereusement fragilisé cette démarche. Nous ne nous voulons pas d'une solution juridique bancale qui exposerait un SDRIF mal validé au moindre recours. Nous ne voulons pas d'un retour en arrière qui nous ramènerait au SDRIF de 94 d'un côté et au pilotage de l'aménagement par la société du Grand Paris de l'autre. Ce risque existe comme existe celui d'une Région qui serait vidée de ses compétences par l'Etat et qui passerait à côté de la montée en puissance des collectivités dont témoigne positivement l'élargissement de Paris Métropole.

Alors oui, le SDRIF doit être validé et sa validation doit permettre un nouvelle phase du débat et des choix sur le devenir de la Région et de la métropole. Cette nouvelle phase doit être l'occasion de mieux prendre en compte la dimension métropolitaine des questions d'aménagement qui a fortement marqué les débats intellectuels et politiques des deux dernières années. Elle doit permettre d'élargir considérablement les concertations avec les acteurs sociaux et les populations pour faire de la vitalité démocratique le gage de la légitimité du nouveau SDRIF. Elle doit donc être l'occasion de conforter le rôle de la Région dont le leadership repose non sur une exercice autoritaire de prérogatives mais sur ses capacités à coordonner les acteurs, à développer des partenariats, à dégager des visions d'ensemble, et donc à faire vivre des logiques de coopération.

Alors, Monsieur le président, quelles nouvelles initiatives comptez-vous prendre pour que l'institution régionale occupe toute la place qui doit être la sienne dans cette nouvelle phase de confrontation sur l’avenir de la métropole et de la région?