Nous abordons ce premier budget de la mandature dans un contexte de crise économique, sociale et environnementale d’une gravite extrême qui appelle un renouvellement profond des politiques publiques.

Mais aussi un contexte où la droite gouvernementale impose malheureusement des choix douloureux et dangereux pour les salariés et les populations.

Contexte qui voit le chômage et la précarité se propager comme jamais, les souffrances sociales les inquiétudes pour l'avenir grandir.

Les luttes sociales de l'automne ont indiqué pourtant les ressources de mobilisation collective dont notre peuple est capable et les intuitions qui sont les siennes que de nouvelles réponses pour traiter non seulement des défis de l'avenir des retraites mais aussi de celui de l'ensemble des solidarités étaient nécessaires et possibles.

Il y a un mois, lors du débat d’orientations budgétaires, nous mettions en avant le paradoxe : l’ampleur des besoins qu’expriment les Franciliennes et les Franciliens n’a d’égale que l’ampleur des contraintes que nous impose le gouvernement.

L’enjeu, tel que nous l’exprimions alors est bien de tout faire pour desserrer ces contraintes et donc de contester la logique même des politiques gouvernementales pour répondre au mieux aux besoins des populations.

Pour faire émerger dans notre champ d'intervention de nouvelles politiques, il nous faut nous opposer aux politiques d’austérité que voudrait nous imposer la droite au plan national comme au plan de l'ensemble des collectivités territoriales.

Hors de question de renier nos valeurs et nos engagements en devenant le relais passif d’un gouvernement autoritaire qui veut comprimer coûte que coûte les dépenses publiques ! La libre administration des collectivités territoriales et la décentralisation ne sont pas pour nous des vains mots.

Force est de constater, pourtant, que nous n’avons pas encore réussi à remettre en cause le carcan gouvernemental du gel des dotations de l'Etat et de la non compensations des transferts de charges. Nous ne sous-estimons pas la difficulté : comme sur les retraites, la droite reste sourde aux interpellations des élus locaux et des populations. C’est tout le pacte républicain, toute l’histoire de la décentralisation qui vole en éclat quand les collectivités sont asphyxiées.

Il est d’autant plus urgent de réagir.

Un premier pas positif a été fait avec le recours engagé par la Région pour sous-compensation de la décentralisation. Nous proposions d’aller beaucoup plus loin, en prenant des actes publics forts. Nous l'avons dit dans une adresse à l'ensemble des élus de la majorité. Nous n'avons pas été suivis sur les modalités que nous suggérions mais aujourd’hui nous ne renonçons pas à l'objectif ! Pour une raison simple, si nous ne faisons rien, le gouvernement mettra, l’an prochain, un nouveau tour de vis puisque son objectif fondamental est celui du désengagement public.

La gauche ne peut se contenter de gérer les contraintes en attendant 2012.

Je pense d'ailleurs que les élus de la majorité régionale sont conscients de l’ampleur des besoins auxquels il faut répondre. J'en veux pour preuve les grandes orientations positives retenues dans ce cadrage budgétaire. Mais pour notre part, nous voulons particulièrement insister sur les défis à relever face à la crise du capitalisme. Crise qu'il serait irresponsable de réduire à une parenthèse de turbulences financières. Crise qui demande des transformations profondes à l’échelle nationale, européenne et mondiale mais qui demande aussi de réévaluer les politiques régionales et leur rôle pour engager de nouvelles logiques de fonctionnement. Crise qui appelle donc à repenser les réponses dominantes à l’œuvre pour construire un nouveau mode de développement écologique et social. Crise qui nécessite une intervention publique accrue et renouvelée, un engagement sans faille pour la réduction des inégalités sociales, territoriales et environnementales. Crise qui exige que les immenses richesses crées dans la région la plus riche d’Europe ne soient pas laissées aux milieux financiers et spéculatifs mais réorientées vers des productions et des services utiles pour répondre aux besoins d’aujourd’hui et des générations futures.

C’est d’ailleurs un des enjeux d’une politique de critérisation, auquel vous le savez nous serons particulièrement attentifs.

Dans la préparation du budget 2011 nous avions pointé trois secteurs où le maintien et le renforcement de l’action régionale nous semble essentiels : la formation, les transports et le logement. Nous avons également annoncé que nous serions très attentifs à notre engagement dans des secteurs clés pour l’émancipation de toutes et tous, comme la culture, le sport, la démocratie, la lutte contre les discriminations, pour l’égalité homme-femme. Tout au long de la séance, nos amendements déclineront ces priorités. Nous dirons au cours des débats comment nous les inscrivons dans une stratégie d'ensemble pour réorienter le développement et l'aménagement de la Région

Face à l’ampleur des besoins dans ces secteurs, restait-il des marges de manœuvre pour notre collectivité ? Nous l’affirmions et nous sommes convaincus que devant les contraintes financières imposées par le gouvernement l’emprunt reste un bon levier pour des investissements dans des secteurs aussi essentiels pour l’avenir de notre Région.

Nos marges d’autofinancements nous le permettent et les leçons de « bonne gestion » de la droite ne nous impressionnent guère. Car en matière de dette, la droite s’y connaît ! Depuis 2002 la dette publique est passée de 58% du PIB à 78% fin 2009 soit une progression de 580 milliards d’Euros… Et quel est, le point commun entre les trois villes les plus endettées de France – Levallois-Perret, Cannes et Fréjus ? Toutes ont un maire UMP ! La Région Île-de-France, avec une capacité de désendettement de 3 années et demie, est la Région la moins endettée de France. On ne peut pas en dire autant de la Communauté urbaine de Marseille, où le ratio est de… 30 ans !

Sans céder à ces donneurs de leçons, les débats au sein de la majorité nous ont permis d’avancer sur ce point, avec responsabilité et sens de l’intérêt général. Nous nous en réjouissons et l’examen des bleus budgétaires va en faire la démonstration.

Nous l’affirmons en conscience et en toute franchise : dans le cadre de la limitation des recettes imposée par la politique gouvernementale, nous partageons les orientations du budget qui nous est proposé par l’exécutif. Mais nous pensons qu’il peut encore être enrichi, dans l’intérêt des populations : c’est le rôle de cette assemblée et des groupes qui la composent. C’est pourquoi nous serons très présents tout au long de ce débat budgétaire.

Loin des petits calculs politiciens et des coups de comm’ sans lendemain d’une droite qui n’a toujours pas accepté sa défaite, nous n’y avons qu’un seul objectif : faire valoir les besoins et les exigences des territoires et des populations.

Je vous remercie.