Résumé En France comme dans la zone euro, l’activité a ralenti au troisième trimestre. La demande interne s’est renforcée, mais le mouvement de reconstitution des stocks a été de moindre intensité. En outre, la contribution du commerce extérieur à la croissance a été de nouveau négative, du fait d’un fort rebond des importations. Les enquêtes auprès des directeurs d’achat suggèrent par ailleurs une poursuite du ralentissement du commerce mondial, déjà à l’œuvre depuis plusieurs mois. Elles témoignent en outre d’une forte hétérogénéité des conjonctures nationales. Au Japon, l’activité rechuterait en cette fin d'année, avec l’expiration du dispositif de soutien au secteur automobile, et le ralentissement des débouchés en Asie émergente. Aux États-Unis, en revanche, la croissance resterait soutenue, alimentée par une consommation des ménages qui résisterait. Début 2011, le maintien du soutien budgétaire aux ménages et le recours accru aux instruments non conventionnels de la politique monétaire tireraient la demande. En Europe, l'activité reste favorablement orientée en cette fin d’année, dans un contexte de reprise de la demande intérieure. Mais cette évolution «moyenne» masque des disparités importantes au sein de la zone euro. Au premier semestre, la croissance de la zone euro devrait en revanche se modérer, sous l'effet du ralentissement des débouchés à l’exportation et de la mise en œuvre de mesures de redressement des finances publiques dans nombre de pays. Une certaine baisse du taux d’épargne des ménages et la poursuite du rebond de l’investissement viendraient toutefois modérer ce ralentissement. Au quatrième trimestre, la croissance se renforcerait quelque peu en France (0,5 %), comme le suggèrent les enquêtes de conjoncture sectorielles. Elle s'appuierait sur le dynamisme des services, l’accélération de la production industrielle et le redressement du secteur de la construction. La croissance serait ensuite de 0,3 % au premier trimestre puis de 0,4 % au deuxième trimestre 2011. Sur l'ensemble de la prévision, l'économie française se maintiendrait ainsi sur la tendance modérée qu'elle connaît depuis la sortie de récession. L’amélioration de la situation du marché du travail se poursuivrait : 50 000 emplois seraient créés au premier semestre 2011 dans les secteurs marchands, après 106 000 en 2010. Le taux de chômage s’inscrirait en légère décrue d’ici mi-2011. La reprise de l’investissement se poursuivrait à un rythme modéré, notamment dans la construction, et la consommation progresserait de manière modeste, en ligne avec les gains de pouvoir d’achat. Confrontés à un chômage encore élevé, les ménages maintiendraient un niveau d’épargne important. Comme il y a un an, le profil de la consommation serait affecté par les effets de la prime à la casse : rebond marqué au quatrième trimestre avant l’expiration de la mesure, contrecoup ensuite. Notre scénario est sujet à de nombreux aléas. La recrudescence des tensions sur les dettes souveraines pourrait entretenir un climat d'incertitude. Dans ce cas, la croissance serait plus faible que dans notre scénario. À l’inverse, la robustesse de la demande interne, en Allemagne ou en France, pourrait soutenir davantage la croissance européenne. Le comportement des agents privés, dans un contexte de restrictions budgétaires et d’incertitudes accrues, sera ainsi déterminant dans les prochains mois.