Dans toutes les grandes villes mondiales se pose avec acuité la question du projet métropolitain, du type de métropole que nous voulons construire. Notre débat de ce matin, n'aurait pas de sens s'il ne se référait pas à cet enjeu-là. Ce protocole complique t-il ou facilite t-il la tâche de celles et ceux qui veulent affronter le défi d'une métropole solidaire, écologique et citoyenne ? C'est à cette aune là que nous le jugeons.

Cette ambition nous la portons depuis des années et nous savons que c'est un combat de longue haleine qui ne se tranche pas une fois pour toutes.

De la révision du SDRIF, à la Conférence métropolitaine, en passant par les réflexions de la commission « Scénarii pour la métropole », et les travaux des architectes nous luttons pour le développement équilibré de tous les territoires. Le Président de la République lui-même, dans son discours de Roissy, a bien été contraint de reconnaître le fait métropolitain mais avec la volonté de l’inscrire dans son projet de société : un développement inégalitaire et libéral concentrant les richesses et l’intervention publique sur quelques pôles d’excellences. Notre débat d’aujourd’hui sur les projets de transports en Ile de France n'est qu'une étape mais une étape à ne pas sous-estimer dans cette confrontation.

Depuis des années, les élus régionaux de notre sensibilité, ici à la Région et au STIF, ont portés l’exigence d’un investissement massif pour améliorer l’existant et la création de deux rocades, une dans la zone dense de la banlieue, une en grande couronne. Que de débats et de luttes pour aboutir au contenu du SDRIF, au tracé d’Arc Express et au Plan de mobilisation pour les transports. Et face au projet d’aménagement ségrégatif du gouvernement il a aussi fallu se battre. Des élections régionales aux mobilisations locales, à l’instar d’Orbival dans le Val-de-Marne, jusqu’aux débats publics nous avons fait bouger les lignes. 20 000 participants, c'est la plus grande consultation jamais organisée sur les transports en France. Les usagers, les élus locaux, les militants qui s’y sont investis y ont exprimé une double exigence : l’urgence de l’amélioration des transports et la nécessité d’aboutir à un projet de métro de banlieue à banlieue non pas concurrent mais convergent.

La contribution commune État-Région aux débats publics ne va pas au delà de ce que permettent les rapports de forces actuels mais porte la trace de toutes ces mobilisations. C'est cette dynamique qui nous importe.

Disons le clairement : il y a un débat politique, au sein de la majorité, sur l’évaluation de ce protocole, sur le rôle décisif des mobilisations citoyennes, sur la réalité des avancées obtenues, comme sur les points d'appui qu'il donne. Pour notre part, nous n’avons qu’une seule préoccupation, l’intérêt des populations et des territoires. C’est pourquoi nous considérons que le protocole est une étape positive qu’il faut acter…. Nous n’en faisons pas un point final mais un point d'appui qui facilite de nouveaux combats. Ne pas reconnaître l’ampleur des avancées, c’est nier le rôle décisif des mobilisations citoyennes et désespérer des lendemains.

Oui les tracés, ont considérablement évolué. Avec la suppression de la ligne La Défense/Versailles nous avons obtenu la création d’une double boucle à l’est. De 39 stations prévues initialement nous pouvons aller à une soixantaine et nous ne lâchons pas sur Saclay. Le gouvernement a dû négocier. Pour autant, ce n’est pas encore le projet solidaire que nous voulons. Dans les territoires, des mobilisations se lèvent : dans des communes de Seine Saint Denis, à Nanterre, à Colombes, dans le Val-de-Marne … Nous devons être à leurs côtés et pour notre part nous y serons !

Oui il y a des avancées sur la hauteur des investissements et sur le financement : plus de 32 milliards d'euros en 15 ans, engagement de l’Etat pour le Plan de mobilisation, plan de modernisation des RER et priorité à l’amélioration de l’existant avec des dizaines de projets attendus par les territoires et les populations. C’est la modernisation des RER A, C et D ; les tangentielles, les tramways, les TCSP et les prolongements de métro. Pour la première fois, on parle sérieusement du doublement du tunnel Châtelet-Gare du Nord et de deux voies supplémentaires entre Paris et Juvisy : quelle avancée pour les usagers des RER B et C !

Oui le financement de Grand Paris Express, reste, lui, incertain. Tout comme la question des coûts d’exploitation futurs. Nous ne sous-estimons l’enjeu : cela fait d’ailleurs des années que nous alertons sur le financement des transports en commun. Ce débat n’est pas terminé. Face à une telle priorité, soyons ensemble demain pour aller chercher, dans la Région la plus riche d’Europe, l’argent là où il est. Il faut revoir totalement l’assiette du versement transport, confier sa maîtrise au STIF et l’harmoniser par le haut. C’est incontournable si nous ne voulons pas valider ce que beaucoup défendent, y compris au sein de la majorité, une contribution plus forte des usagers et des contribuables. Pour nous, cette logique est inacceptable. Nous continuerons à nous y opposer fermement ici comme au CA du STIF.

Sur la gouvernance, bien des batailles restent aussi à mener ; mais ne sous-estimons pas ce qui a bougé : nous avons fait inscrire le partage de la maîtrise d’ouvrage entre la Société du Grand Paris et le STIF. C’est décisif pour faire les bons choix techniques et financiers.

Nous partageons le principe inscrit dans la communication : « Une métropole comme l’Île-de-France ne peut se gouverner que par la démocratie » et rejetons tout retour autoritaire de l’Etat. Pour autant un partenariat conflictuel avec lui, comme avec les départements et les villes, est indispensable. Ce débat est au cœur des échéances de 2012. La question de la Société du Grand Paris devra être posée, en lien avec celle du STIF. Alors, oui, Le débat sur le devenir de la métropole n’est pas clos. Notre détermination pour le poursuivre reste entière. Il va bien au-delà des transports : il touche au logement, à l’aménagement, au mode de développement.

Hier la Région a su le mettre au cœur du débat avec la révision du SDRIF et la commission « Scénarii pour la métropole ». Aujourd’hui avec ce protocole elle revient sur le devant de la scène… Sachons y rester ! Mesurons les perspectives que cela ouvre pour reprendre l'initiative sur la révision et l'enrichissement du SDRIF, pour donner de la cohérence à l'effervescence des projets urbains, pour s'attaquer à l'immense chantier du logement.

C’est le sens de notre proposition de créer un comité de suivi pour approfondir les débats et le travail avec les architectes et l’Atelier international du Grand Paris, avec Paris Métropole, avec les élus locaux ; pour faciliter les interventions citoyennes et les mobilisations sur les questions urbaines et d'aménagement.

Voilà comment nous entendons poursuivre la confrontation sur les visions de l'avenir de l'Ile de France et sur les projets de société qu'elles sous-tendent : savoir engranger les résultats obtenus, mettre ces questions au cœur des batailles électorales de 2011 et 2012 et en faire un enjeu majeur pour le plus grand nombre et donc pour les mobilisations sociales. Avec pour nous une seule boussole les Franciliennes et les Franciliens avec les élus qu’ils se sont démocratiquement donnés sont et seront les actrices et acteurs majeurs de ces projets.