M. François LABROILLE Je vais tenter d’approfondir un peu, car je pense que l’intérêt de cette commission n’est pas de faire de la mise en scène, mais d’aller au fond. 10 Personnellement, je pense que notre commission a une fonction d'accélération de la circulation de l'information, qui permet à chacun d'être directement en prise avec la situation, et de pouvoir ainsi se forger une opinion au sein des différents groupes. Je pense que cela a contribué positivement à la dernière phase, alors qu’il avait été difficile antérieurement de tout suivre. En outre, il nous faut savoir jusqu'à quel point nous souhaitons être acteurs dans les discussions. Il me vient à l'esprit une intervention de Guillaume BALAS, que je partage totalement, qui disait qu'il existe l'exécutif, et ce qui n'est pas l'exécutif. Je suis profondément convaincu que nous ne sommes pas les négociateurs avec la SGP et avec Maurice Leroy : tel n'est pas notre rôle. Il nous revient d'être au plus près de notre sujet, en amont et en aval, et si possible, de produire une communication, dans la mesure où nous prendrons le temps d'échanger entre nous. Je pense que cela serait très bien. Si, après la communication de Jean- Paul HUCHON, nous étions capables d'avoir une appréciation de la commission sur la base de nos travaux avec ce sur quoi nous sommes globalement d'accord, et ce sur quoi nos opinions divergent, ce serait positif de le faire ; le faire à l'automne pourrait être également bien, au regard de la durée d’activité de la commission. Le fait que nous existions est déjà extrêmement positif, et je pense que nous avons déjà beaucoup appris la semaine dernière, mais j’insiste sur l’importance de ne pas confondre l'exécutif et le non exécutif. Sur le fond, je partage certains propos qui sont tenus, et je suis en profond désaccord avec d'autres. Mon désaccord profond concerne l'appréciation dynamique de la situation : je suis allé sur le site de la SGP, où j'ai retrouvé des débats à propos du Grand Paris. J’ai revu le croquis initial de la SGP, qui était l’un des éléments du débat public, et qui était la base du projet BLANC. Ce projet BLANC, tout comme le croquis de départ de la SGP, ne comporte que huit pôles. Cette conception de la desserte est liée à une conception sélective des pôles de développement de la région, et à un certain type d’organisation spatiale que nous contestons depuis le départ au niveau du SDRIF, et dont nous savons qu'elle renvoie aussi à une conception du développement économique qui n'est pas la nôtre. Au regard du nombre de gares, des tracés et des phasages, y compris le fait que cela nous amène bien au-delà de ce qui était prévu avant 2025 au niveau de Versailles-la Défense, nous sommes dans une conception de la desserte qui est très éloignée du projet initial de Christian BLANC. En revanche, le présent projet est extrêmement proche de l'infrastructure de transport qui donnait sa cohérence au SDRIF. Je me souviens très bien de ces débats sur le tracé de l'Arc Express. Comme vous vous le rappelez, il s'agissait dans les cartes du SDRIF d'un faisceau, et non pas d'un tracé précis. Nous avions alors des débats entre groupes, à propos de la rocade, qui n'était pas acquise en 2005. Finalement, cette rocade a abouti à ce qui allait devenir un axe majeur du plan de mobilisation « transport ». Aujourd'hui, nous sommes extrêmement proches de ce schéma, et nous retrouvons Arc Express dans ce projet. À mes yeux, là se trouve l'essentiel. Cela ne signifie pas qu'il faut qu'il faille avoir une appréciation passive et ne pas s’interroger sur certains points. Notre appréciation consiste à montrer que des enjeux restent ouverts, des enjeux avec des affrontements et avec des éléments pouvant progresser dans le décret. Quant à la question du financement, celles et ceux qui ont assisté aux séances des débats publics des 26 et 31 janvier ont tout à fait compris qu’existait une différence fondamentale entre la vision de la SGP du bouclage financier, et celle qu'avait bien développée le STIF. Nous avons alors assisté à cette argumentation étonnante de la SGP disant que le réseau de transport allait engendrer un surplus de croissance et à partir de là s’autofinancer. Nous savons que ces questions seront à vérifier de près sur des horizons de quinze ans ou vingt ans : menons la bataille à ce niveau ! Par ailleurs, l’une des questions essentielles sera de savoir qui financera. À cet égard, nous contenterons-nous de la facilité, à savoir un financement via les usagers, via la fiscalité, ou irons-nous à l'affrontement avec les entreprises ? Il s'agira réellement d'une question lourde à gérer. Je pense que si nous avons une appréciation dynamique sur les conceptions de l'aménagement, un pas décisif sera alors franchi. Par ailleurs, je souhaite évoquer un point extrêmement important, qui, je le suppose, se trouve dans le compte-rendu du cabinet. Je suppose qu’a été aujourd'hui votée à l'Assemblée nationale la loi sur la révision du SDRIF. Or, nous avons l'obligation légale d'intégrer les éléments du Grand Paris, et donc, de l'acte motivé, dans la révision du SDRIF. L'enjeu ouvert va consister à savoir comment nous allons transcrire, dans le SDRIF, l'impact des tracés, des gares, de la redistribution des activités et des « pastilles » que cela implique. Toute la conception de l'aménagement est également ouverte, et va dépendre du contenu que nous allons intégrer dans le SDRIF. Ainsi, au-delà de la commission ad’ hoc, je continue à souhaiter que nous allions extrêmement vite, dans la mise en oeuvre d'un travail collectif autour du contenu que nous mettrons dans le SDRIF, car la mise en oeuvre de cet acte motivé peut être positive ou négative, en fonction de la manière dont nous allons piloter cet aspect du SDRIF. Ainsi, je pense que nous sommes en désaccord sur le fait d’avoir ou non une vision dynamique de l'affrontement, et je voudrais que nous revenions dans le détail sur la conception inhérente à l'acte motivé concernant la desserte des tracés, sur le fait de savoir jusqu'où nous souhaitons argumenter, et jusqu'où nos arguments peuvent mener. En outre, je ne comprends pas l'argument de Pierre SERNE ou de Cécile DUFLOT, mettant en opposition un projet d'avenir et l'urgence de l'existant. Je ne comprends pas cette opposition, compte tenu de ce que nous avons acté dans le plan de mobilisation et dans le protocole, et de cet investissement de 12 Mds€ que nous arrivons à dégager pour le plan de mobilisation. Je pense que nous ne pouvons pas avoir une stratégie concernant l’existant si nous n’avons pas une vision d’ensemble sur la durée. Enfin, quant à la pertinence du projet d’envergure, le présent projet se situe dans la durée, au plus proche de ce que nous avions imaginé dans le cadre du SDRIF et du plan de mobilisation. Si on le conteste, il faut alors remettre en cause l’idée qu’il est nécessaire d’investir massivement sur un réseau de transport en commun. Mais qu’en est-il alors de notre maîtrise de l’avenir de la métropole ? Dans ce cas, quelle vision de l’aménagement souhaitons-nous, avec quel rapport au monde, dans quelles formes urbaines, avec quelle crédibilité en matière de conversion écologique et sociale ? Tel est le problème qui se pose. Je crains que certains aient des postures faciles, de courte durée, et balaient ces questions, peut-être au nom de l’idée qu’il faut un affrontement en 2012. Encore faudrait-il correctement le visualiser, et il me semble que le visualiser en esquivant ces questions ne serait pas très efficace sur le plan politique.