Monsieur le Président, Madame la Vice-présidente, Cher-e-s collègues,

L’Île-de-France est à la fois la région la plus de riche de France et d’Europe et en même temps la plus inégalitaire. Les inégalités sociales, territoriales et environnementales y atteignent un niveau insupportable.

Loin de s’atténuer, ces inégalités progressent et ne cessent de se creuser. Les inégalités de revenus, notamment, n’ont cessé de progresser depuis 10 ans, comme en témoigne l’enquête sur la santé sociale de l’Île-de-France réalisée par l’IAU et la MIPES.

Aux inégalités sociales viennent s’ajouter des inégalités entre les collectivités territoriales, inégalités notamment financières, qui limitent la capacité des politiques publiques locales.

Inégalités environnementales, enfin : les populations les plus défavorisées sont celles qui subissent le plus les nuisances environnementales, comme le bruit, la pollution, les risques technologiques et naturels…

D’où viennent ces inégalités ? Elles ne sont ni naturelles, ni éternelles. Elles sont le résultat d’une vision d’un développement profondément inégalitaire de l’Île-de-France, d’une logique de ségrégation sociale et spatiale. Trop longtemps, trop souvent encore, on a relégué les quartiers d’habitat populaire hors des centres, loin des transports et des emplois, sacrifié le développement entier de territoires pour assurer les fonctions logistiques des territoires d’excellence… Que l’on pense à La Courneuve, à la cité des 4 000, construite parce que Paris ne voulait plus de ses pauvres, au milieu de laquelle on a fait passer une autoroute !

Ces inégalités sont nées de logiques politiques que nous combattons. La résorption de ces inégalités ne pourra passer que par des politiques volontaristes. C’est le sens de cette délibération.

Cette délibération n’est pas là pour régler des comptes avec qui que ce soit ou avec les collectivités quelles qu’elles soient. C’est une délibération qui prend en compte l’intérêt général de la région : car combattre les inégalités et les résoudre est un enjeu pour toute la Région. Il faut sortir de l’illusion selon laquelle certains territoires pourraient se développer sans limite au détriment d’autres, relégués, méprisés. Sans un développement équilibré, c’est tous les territoires qui souffrent, toute la Région qui en pâtit.

Nous avons fait de l’objectif de réduction des inégalités sociales, territoriales et environnementales un bien commun de la majorité. Nous l’avons mis au cœur de son Schéma directeur, au centre de nos politiques.

Par cette délibération, la Région décide de concentrer davantage ses aides sur les territoires qui en ont le plus besoin, et ce n’est que justice.

Le premier critère retenu, qui mêle IDH-2 et potentiel financier, permettra de mieux aider les collectivités qui cumulent besoins sociaux importants et difficultés financières. Cela permettra de débloquer bien des projets qui ne peuvent aujourd’hui être réalisés faute de pouvoir trouver les 60, 70 ou 80% de la somme en sus du financement régional.

Il s’agit d’affirmer que la Région est, en tant que collectivité pleine et entière, porteuse d’objectifs sociaux, territoriaux et environnementaux dans l’ensemble de ses politiques.

Qui peut aujourd’hui nier que la crise du logement nécessite un effort de toutes les collectivités pour construire du logement social ? Niera-t-on l’impérieuse nécessité de préférer l’intensification urbaine à l’étalement urbain qui détruit les terres agricoles et les continuités écologiques ? Contestera-t-on que dans la métropole de l’après-Kyoto, la moindre des choses est d’exiger que les constructions respectent des normes environnementales strictes ?

La Région, dans les politiques qu’elle a librement décidé de mettre en œuvre, est légitime lorsqu’elle demande aux collectivités qui la sollicitent de prendre toute leur part dans ces grands chantiers régionaux, de respecter les principes au cœur de son action.

Le rapport qui nous est proposé a choisi pour seul moyen les incitations financières. C’est un premier pas très positif : comment ne pas nous en féliciter, nous qui réclamons cette critérisation depuis maintenant plusieurs mandats, et qui à chaque budget avons essayé de faire adopter des amendements sur ce sujet.

Je pense en même temps qu’elle pêche par excès de naïveté. Car certaines communes ont fait le choix délibéré de s’exonérer de toute participation à cet effort de solidarité, de s’exonérer du respect même de la loi de la République. Je veux parler bien sûr de la loi SRU. Nous y reviendrons par un amendement.

Nous voterons donc ce rapport. Nous sommes satisfaits que la majorité ait été convaincue à ce sujet. Mais vous le savez, nous ne sommes pas encore au bout.