PSA, Doux, Renault, Sanofi, Goodyear… la liste des plans sociaux et des fermetures de sites industriels n’en finit pas de s’allonger. Alors que l’industrie francilienne a déjà perdu 120 000, soit un quart, des emplois industriels en quinze ans, nous vivons aujourd’hui une nouvelle vague de désindustrialisation.

Ces suppressions d’emplois industriels et les fermetures de site ont des conséquences dramatiques pour l’Île-de-France.

Conséquences sociales et économiques lourdes, avec l'explosion du chômage et l'affaissement de la base productive qui commande largement les emplois de service et les capacités à conduire la transition écologique.

Conséquences territoriales aussi, trop souvent sous-estimées. La première vague de désindustrialisation, dans les années 1980, a déstructuré nombre de territoires, accentuant les déséquilibres habitat/emploi, dopant comme jamais la spéculation foncière et appauvrissant de nombreuses collectivités.

Les causes de cette désindustrialisation ne tiennent pas, pour l’essentiel, et contrairement à une idée reçue, à un coût salarial trop élevé. Elles tiennent bien davantage à la rupture entre des grands groupes très internationalisés, qui ont largement dissocié leurs destins de celui de l’économie française, et les PME/PMI qui ont été enfermées dans des relations de sous-traitance où les exigences sur les prix ont effacé toute considération de qualité et d’innovation. Elles tiennent aussi à la financiarisation croissante où la rentabilité maximale et immédiate joue contre le développement industriel, contre l'innovation. L’incapacité des pouvoirs publics à mettre en œuvre une politique industrielle qui agisse sur les stratégies des grands groupes est donc aujourd’hui en cause.

Face à cette situation, le gouvernement a créé un nouvel instrument important, la Banque publique d’investissement. Cette création est une bonne nouvelle pour le soutien aux PME et esquisser la reconstitution d’un secteur public financier . Force est pourtant de constater que la BPI n’est aujourd’hui, par ses missions et par sa capacité d’action, pas à la hauteur de l’enjeu industriel.

Qu’on compare la BPI avec son homologue allemande qui dispose aujourd’hui de près de 500 milliards d’euros, contre 42 à la BPI.

Pour enrayer immédiatement cette vague de désindustrialisation, en Île-de-France et en France, il est urgent de prendre une série de mesures de court et moyen terme.

La première, c’est l’interdiction des licenciements boursiers et des licenciements prétendument économiques, qui en réalité n’en sont pas. Le président de la République a annoncé lundi qu’une loi à ce sujet serait inscrite prochainement au Parlement. Rappelons qu’une telle loi avait été votée par les sénatrices et sénateurs socialistes et écologistes, à l’initiative du groupe communiste, républicain et citoyen, en février 2012.

La seconde, c’est le renforcement du rôle de la BPI. La BPI doit pouvoir se financer auprès de la BCE et pouvoir disposer de l’épargne non centralisée. Elle devrait aussi permettre des prises de participation publiques et des nationalisations, sans quoi les pouvoirs publics donneraient le signal qu’ils renoncent totalement à influer sur les stratégies néfastes des grands groupes.

La troisième, c’est d’engager enfin un véritable travail de tous les acteurs publics — État, Régions, BPI, fonds stratégique… — pour une nouvelle politique industrielle. Pour sortir de la stratégie des niches, pour redéployer de grandes filières, pour placer les grands groupes et les banques au service du développement, pour développer résolument la formation, la recherche et l’innovation.

Monsieur le Président, vous êtes désormais membre du Conseil d’administration de la Banque publique d’investissement. Comment agirez-vous, au sein de cette BPI, pour promouvoir son renforcement, sa transformation en établissement public de crédit de plein exercice, et pour qu’elle aille, lorsque nécessaire, jusqu’à des nationalisations ?

Monsieur le Président, d'autres régions prennent des initiatives, comme les régions Bourgogne, Auvergne, Midi-Pyrénées, Champagne-Ardenne et Pays-de-la-Loire qui ont toutes adopté un vœu contre les licenciements dans les entreprises qui distribuent des dividendes. Ici, en Île-de-France, comment comptez-vous impulser des initiatives pour que les parlementaires de la majorité décident enfin l’interdiction des licenciements boursiers ?

Monsieur le Président, mercredi ont été présentées les résultats et les préconisations des Etats Génarux de la conversion écologioque et sociale et notamment celles du groupe de travail « Industrie et relocalisation » que présidait notre collègue Caroline Bardot. Ces préconisations sont importantes et ambitieuses : sanctuarisation des activités industrielles en Île-de-France, programme de rénovation des zones d’activités industrielles, valorisation des formations industrielles, sécurisation des parcours de salariés…

Pouvez-vous nous indiquer comment vous comptez les prendre en compte pour renforcer nos politiques en faveur du développement industriel ? Je vous remercie.