Bref compte-rendu des 3 jours de débat budgétaire
Le débat budgétaire pour 2013 devait à l'évidence être placé sous le signe de la confrontation des conceptions des politiques publiques dans le contexte de crise. Il l'a été. Pas par simple transposition de la scène nationale puisque comme pour toute collectivité territoriale l'action régionale a sa propre part de l'action publique mais nécessairement en forte interaction. Je résume ci-dessous les divers positionnements tels que je les ai perçus.
Les informations de base sur le budget
Elles se trouvent résumées sur le site de la Région et font l'objet d'un rapport de synthèse accompagné de 15 annexes budgétaires. Je reproduis en fichier joint une note d'information de Manuel Menal qui en examine les principales données, sachant que le débat budgétaire s'est traduit ensuite par une augmentation d'un bonne quarantaine de millions d'euros par recours à l'emprunt.
Un billet très bref du site de la Région http://www.iledefrance.fr/lactualit...
Pou retrouver le projet de budget (dont la note en fichier joint fait l'examen) http://mariane.iledefrance.fr/cindo...
Les interventions de mon groupe sont disponibles sur le site http://www.frontdegauche-pcfguac-id...
La droite : politicienne et diabolisant la dette
Sans surprise, la droite a martelé la nécessité de réduire l'endettement et accusé l'exécutif d'un recours excessif à l'emprunt : « non pour des investissements prioritaires mais pour une dérive des dépenses de fonctionnement ». Pour Valérie Pécresse « La dette en passe de devenir la première dépense...Il faut tailler dans notre train de vie »...le registre politicien a été systématiquement mobilisé sur le thème « Si système Huchon il y a c'est de privilégier les dépenses accessoires. » pour enfoncer le clou : « la côte d'alerte fiscale est franchie ; la fuite en avant ne peut pas continuer ». Interprétation sans doute un différente pour l'UDI qui veut cultiver un style moins brutal, mais l'argumentaire est le même.
A gauche, le questionnement sur le contenu des politiques face à la crise a traversé les interventions de tous les groupes.
Le FdG « une attitude combative, constructive, rassembleuse. »
Dans le prolongement du débat d'orientation budgétaire, Gabriel Massou, le président du groupe, a affirmé les attentes en faveur du changement dans le contexte de crise aggravée et en a appelé à des " paroles, des actes, des décisions de la majorité régionale qui comptent (....) et qui portent au-delà de cette enceinte". Il a alerté en disant que "nombre de ceux qui attendaient le changement, qui voulaient une rupture forte avec la politique de Nicolas Sarkozy (…) expriment de plus en plus leur déception. (…) Les élus de notre groupe sont totalement engagés dans les débats,(...) pour résister aux pressions énormes du MEDEF (…) des forces libérales (….) pour construire des réponses nouvelles(...) Dans cet esprit, le groupe s'est placé d'emblée sur l'idée que les diverses composantes de la majorité régionale pouvaient porter ensemble des exigences en direction du gouvernement sur des financements nouveaux. Il a formulé des propositions qui ont été reprises par un amendement de l'exécutif. Les élu-e-s du Front de gauche se sont donc abstenus sur le volet recettes du budget 2013 pour exprimer tout à la fois leur refus de la contrainte financière imposée aux collectivités locales, et notamment du gel des dotations de l’État, et leur soutien à l’engagement affirmé de la Région en faveur de ressources nouvelles. Il a agi dans le même esprit sur le volet dépenses en militant pour des améliorations et, sans prétendre avoir bouleversé la donne, il a contribué à faire augmenter le recours à l'emprunt pour financer une quarantaine de millions d'euros de dépenses nouvelles. Sur ces bases, il a voté en faveur des dépenses.
http://www.frontdegauche-pcfguac-id...
http://www.frontdegauche-pcfguac-id...
En explication de vote finale, Pierre Laurent a résumé cette démarche en la qualifiant de « combative, constructive, rassembleuse. » et l' a explicitée en disant que « Nous avons cherché à convaincre la majorité de la nécessité d’une intervention régionale renforcée. Cela n’allait pas de soi. Nous sommes, vous le savez, extrêmement inquiets des orientations budgétaires européennes et nationales qui font de l’austérité en matière de dépenses publiques l’alpha et l’oméga ». '' http://www.frontdegauche-pcfguac-id...
Le FDG et A en contre
Le Groupe FdG et A ( devenu FdG (PG et A)) a fait une autre choix. Plus simple selon certains, simpliste selon d'autres dont moi. Il a opté pour se poser en rupture avec les autres composantes de la majorité et donc pour démontrer systématiquement les désaccords afin de valoriser un vote final inévitable en contre. François Delapierre avait indiqué au départ que « ce budget part du choix de réduire l'emprunt et et ensuite on passe le rabot... là où le bois est le plus tendre » et annoncé que son groupe allait « défendre des amendements en rupture avec le projet présenté ». A l'issue des 3 jours, il pouvait donc « déplorer l’attitude (…) des groupes de la majorité et de l’exécutif qui ont décidé dans quelques cercles de voter contre tous les amendements du groupe Front de Gauche, Parti de Gauche et alternatif... » et se dire « contraint de voter contre ce budget ».
http://www.frontdegauche-alters.fr/
Il est intéressant de voir que la différence de positionnement ne porte pas en fait sur les grandes orientations des politiques à développer mais sur la façon de prendre en compte les contradictions qui traversent les autres composantes de la gauche. Faut-il prendre appui sur les questionnements au sein de PS, d'EELV, la sensibilité à la nécessité d’interpeller le gouvernement ou bien disqualifier ces partenaires et les renvoyer à l'alternative entre la compromission...ou le ralliement au FdG?
PS et EELV, l'ambivalence entre contraintes et exigences
Quoi qu'il en soit, les expressions des groupes de la majorité, ambivalentes entre intériorisation de contraintes très insuffisamment discutées et l'expression d'exigences, montrent qu'il y a du trouble. Ainsi pour Mounir Satouri, le nouveau président du groupe EELV peut-il affirmer d'un côté :" Faudrait-il s'abstenir d'approuver tout ou partie de ce document en cédant à la facilité de la comparaison de l'austérité grecque ou espagnole? (…) la dette maîtrisée, et c'est notre cas, c'est un puissant levier pour nos politiques, tomber dans son ivresse, c'est renoncer à la souveraineté ». D'un autre « Qu'elle s’appelle rigueur ou austérité, une menace pèse sur l’action publique et particulièrement sur les collectivités. Nous craignons que derrière la nécessaire maîtrise des dépenses publiques se cache un processus qui n’a rien à voir avec la sobriété ou le fait de faire des économies. S’agit-il de faire mieux avec moins ? Où s’agit-il simplement de faire moins ? »
http://elus-idf.eelv.fr/un-budget-2...
On retrouve le même balancement chez le président du groupe PS et apparentés, Guillaume Balas. Dans un versant fataliste, Il évoque « avant amendements un Investissement en baisse... une réalité à assumer....non pas par manque de volontarisme....mais du fait des effets de la crise sur la mise en œuvre... » et dans un autre, plus volontariste, il met en avant « le besoin d'un redémarrage global macro... » et ajoute « on affronte un gel des dotations...il va falloir s'y confronter et la bataille avec l'Etat n'est pas terminée ».
Au delà des positionnements globaux,
le budget, c'est aussi 15 annexes budgétaires, des heures et de heures de débats, d'examen d'amendements,d'améliorations apportées aux diverses politiques régionales. Il est toujours arbitraire de hiérarchiser les sujets. Selon les centres d'intérêt l'examen plus détaillé pourra se faire sur les transports , les lycées, la formation professionnelle, la culture, le sport, l'aménagement du territoire...Chacun pourra choisir dans les compte-rendus détaillés des débats aussi bien le financement et la réalisation du Grand Paris Express que les raisons de la sous consommation des crédits de paiement en matière d’investissement des lycées et la relance de l'effort dans la mise en œuvre du PPR PPI voté en novembre ;la bataille pour la réalisation de la zone unique dans la tarification des transport au tarif de la zone ½que bien d 'autres sujets. Quel que soit le secteur concerné, plus l'implication collective sera forte, plus les politiques régionales pourront répondre aux attentes. C'est aussi à ce rappel de la difficile mais nécessaire relation entre activité dans l'institution et mobilisations sociales que nous invite le débat budgétaire.
Commentaires fermés